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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 16:38

En Meurthe-et-Moselle aujourd’hui, Ségolène Royal affirme dans un interview recueillie par Jean-Pierre Tenoux du journal l’ Est Républicain être la mieux placée pour mobiliser toute la gauche .

- A propos de la primaire socialiste, vous avez déploré la trop grande part faite aux sondages. Avez-vous le sentiment que votre critique a porté ?

Je pense que, tant que le débat de fond n’aura pas commencé, tout sera sujet à manipulation de l’opinion par les sondages. Alors qu’ils ne sont pas représentatifs puisqu’on ne sait pas qui va aller voter et qu’on ne connaît pas encore la liste des candidats ! Il est très important que le peuple français ne se laisse pas voler sa liberté de vote par un matraquage qui ne correspond à rien, notamment parce que les catégories très modestes ne figurent pas dans ces panels.

- Cette page est tournée, donc ?

Je l’ai dit et ma préoccupation, maintenant, est d’élever le débat et de faire des propositions concrètes pour améliorer la vie quotidienne. En Meurthe-et-Moselle, je vais évoquer l’emploi et le pouvoir d’achat. J’ai proposé le blocage du prix de l’essence et de cinquante produits de première nécessité pour permettre aux gens de continuer à vivre et pas seulement de survivre. Voir tellement de richesse d’un côté et de pauvreté de l’autre, dans un pays comme la France, est tout à fait anormal.

- Les propos de Laurent Wauquiez sur l’assistanat ont divisé la droite. A votre avis, s’agit-il d’une cacophonie ou d’une stratégie réfléchie ?

Je pense qu’il y a une stratégie, lancer des ballons d’essai pour voir ce que ça donne. Le plus choquant, dans cette histoire, c’est qu’on ne parle jamais de l’assistanat dont profitent les plus riches, comme la baisse de l’impôt de solidarité sur la fortune. Le gouvernement s’en prend aux plus pauvres. C’est vrai qu’il y a parfois trop peu d’écart entre les revenus de soutien et les bas salaires. Mais la réponse, c’est d’augmenter les bas salaires et le SMIC ! Quant au A de RSA, qui signifie activité et pas assistanat, il doit se traduire par des actions d’insertion et de formation pour un retour réel à l’emploi.

- Ces publics fragilisés sont tentés par le vote Front national. Que pourriez-vous leur proposer pour qu’ils fassent confiance à la gauche ?

Ils subissent de telles épreuves qu’ils doutent de la capacité de la politique à retrouver des marges de manœuvre. Il faut leur démontrer qu’il y a d’autres façons de créer des richesses, de les répartir mieux, d’encourager les jeunes à trouver le chemin du travail par l’alternance, l’apprentissage. Il faut pratiquer le « donnant donnant » avec les entreprises, leur imposer l’obligation de prendre des jeunes en formation en contrepartie des aides qu’on leur accorde. Il ne faut pas laisser la loi de la jungle être la règle dans l’économie.

- En pratique, comment procéder ?

C’est la force citoyenne, un Etat interventionniste qui remet des règles. Aujourd’hui, rien n’a été fait pour lutter contre un système financier qui écrase la production de biens et de services. Les gens sont dégoûtés, exaspérés. Ils entendent les discours de l’actuel président de la République qui leur dit : « Vous allez voir ce que vous allez voir ! » Mais il ne se passe rien. Alors, ils se tournent vers des votes extrêmes qui leur promettent de changer le système, mais d’une façon qui n’est pas crédible. C’est un vote protestataire que je traduis pour ma part comme une demande d’exigence à l’égard des partis de gouvernement afin qu’ils soient beaucoup plus audacieux sur des propositions de réformes.

- Ces réformes impliquent que la gauche se rassemble. Croyez-vous être la mieux placée pour y parvenir ?

Je pense avoir la capacité de rassembler, de la gauche radicale aux centristes républicains en passant par les écologistes… pour la bonne raison que je l’ai déjà fait dans la région que je préside, malgré les cris des appareils ! La politique par la preuve, il n’y a rien de tel. Certains font beaucoup de discours mais, quand ils sont aux responsabilités, rien ne change. J’ai été ministre, députée, je suis présidente de région. Mon souci, toujours, a été le même : faire, par mon travail acharné, par une morale de l’action, que les problèmes soient résolus. Je suis convaincue que la France peut sortir de l’ornière, se remettre debout et avancer.

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